Il existe des centaines de métiers qui œuvrent auprès de clientèles vulnérables. Chacune de ces professions a un rôle important dans la vie de ces personnes. Je fais partie de ceux et celles qui ont décidé de faire une différence dans la vie des gens. En 2016, j’ai choisi la Psychoéducation.
La psychoéducation, qu’est-ce que c’est?
La psychoéducation est un domaine des sciences sociales qui a pour champ d’exercices de:
1. Évaluer les difficultés et les capacités adaptatives d’un individu ;
2. Déterminer un plan d’intervention et d’en assurer sa mise en œuvre ;
3. Rétablir et développer les capacités adaptatives d’un individu ;
4. Contribuer au développement des conditions du milieu afin de favoriser l’adoption optimale de l’individu qui est en interaction avec son environnement.
Autrement dit, le psychoéducateur peut faire de la prévention, de l’intervention, de l’évaluation et bien plus encore!
La psychoéducation se centre sur trois éléments en particulier : l’individu, son environnement et l’interaction individu-environnement.
Par environnement, on parle de tout ce qui gravite autour de la personne : la famille, les amis, l’école, le travail, les lois gouvernementales, etc.
Ainsi, la finalité de la psychoéducation vise l’équilibre entre un individu et son environnement.
Qu’est-ce qui distingue la psychoéducation des autres professions ?
Les évaluations
Depuis le projet de loi 21, entré en vigueur en 2012, les activités des psychoéducateurs se sont précisées face aux professions connexes.
Ainsi, chaque profession se retrouve avec son champ d’expertise et des activités qui sont propres à leur domaine. Toutefois, plusieurs professionnels peuvent effectuer le même type d’exercice, mais d’une manière différente.
C’est le cas des évaluations.
Par exemple, un psychologue fera une évaluation psychologique et mentale de son client.
Un médecin, quant à lui, fera une évaluation et le diagnostic des déficiences de la santé de son patient.
Pour sa part, le psychoéducateur est amené à faire une évaluation des difficultés et des capacités adaptatives d’un individu.
L’évaluation se fait donc avec une lunette différente.
Les actes réservés
Pour ce qui est des fonctions, ce qui distingue le plus une profession d’une autre, ce sont les activités réservées.
Par exemple, un psychoéducateur a le droit de faire une évaluation liée à l’identification d’un trouble et de formuler des hypothèses cliniques, mais pas un éducateur spécialisé.
Toutefois, l’élaboration d’un plan d’intervention n’est pas une activité réservée, ce qui permet aux éducateurs spécialisés d’en réaliser.
Pour plus de détails concernant les activités réservées et non réservées, il est recommandé de se référer aux lignes directrices de l’Ordre des psychoéducateurs et des psychoéducatrices du Québec [OPPQ] ou aux documents en lien avec le projet de loi 21.
Ce que nous ne sommes pas
Des professeurs en adaptation scolaire
Combien de fois, dans des partys de famille, j’ai dû justifier mon métier?
Et ce qui revenait le plus souvent : « Donc toi, dans le fond, t’es prof avec les enfants tannants? ». NON.
L’enseignement en adaptation scolaire et la psychoéducation sont tous deux des domaines qui ont des rôles bien différents.
Un enseignant a pour mission d’enseigner, alors que le psychoéducateur vise l’adaptation de l’enfant dans son milieu. On n’enseigne pas de matière scolaire!
Des magiciens
J’ai entendu un bon nombre de personnes dire : « Super, la psychoéducatrice s’implique dans le dossier. Tous les problèmes seront réglés! ». Quoi?
Je ne savais pas que notre diplôme avait des pouvoirs magiques.
Plus sérieusement, nous avons certaines compétences qui nous permettent oui, de faire une analyse clinique plus poussée. Que oui, avec notre expertise, nous pouvons amener des changements significatifs dans la vie d’un individu.
Mais malheureusement, nous n’avons pas la science infuse. Il arrive que parfois, certains cas complexes dépassent notre niveau de compétence.
C’est dommage, mais c’est la réalité!
Une machine à diagnostics
Même si les listes d’attentes sont engorgées et que tu es certaine que ton enfant a un trouble du spectre de l’autisme (TSA), non, je ne peux te donner un diagnostic.
Même si toutes les évidences sont là, je ne peux pas.
Par contre, nous avons les compétences d’émettre des hypothèses cliniques! Ce qui veut dire que nous pouvons observer, collecter des données, les analyser pour ensuite émettre des hypothèses.
Le tout sera vérifié, bien évidemment, par un professionnel habileté si un diagnostic est requis.
Alors, pour revenir à la question, non je ne peux te dire que ton enfant a un TSA. Par contre, je peux faire des observations qui pourront être utiles pour ton médecin!
Un seul type de personnalité.
Quand j’ai commencé mes études, j’avais en tête qu’il n’existait qu’un seul type de psychoéducateur : posé, maitre de la relation d’aide, calme, zen, végane, dresseur de licornes…
Avec mon TDAH et ma spontanéité (sans oublier le fait que je mange du bacon), je me suis tout de suite remise en question.
Comment vais-je fitter dans le moule?
La réponse est simple : il n’y a pas de moule!
Ce qui est beau dans ce métier, c’est qu’il te permet d’avoir ta propre couleur. Et c’est certain qu’avec la variété de clientèles et de milieux, il est facile de trouver un bon fit avec soi.
La psychoéducation : Qui? Où? Quand? Comment?
La psychoéducation offre une panoplie d’opportunités d’emploi. Tant que quelqu’un vit un déséquilibre dans sa vie, nous serons-là!
Personnellement, j’ai une expertise avec la clientèle autistique (TSA) et avec les individus ayant une déficience intellectuelle (DI), autant dans le communautaire que dans le secteur gouvernemental.
Mais il existe un tas de possibilités : les Centres jeunesse, les jeunes en difficultés, la violence conjugale, la pratique privée, le milieu scolaire, les ainés, la toxicomanie, les troubles de santé mentale et encore plus.
Le psychoéducateur peut aussi avoir un mandat de rôle-conseil auprès d’autres professionnels. Autrement dit, son client, c’est l’intervenant. C’est ça la beauté de la chose : c’est qu’on ne s’ennuie jamais!
Comment y parvenir?
Depuis 2012, les psychoéducateurs doivent obligatoirement détenir une maitrise afin de faire partie de l’Ordre.
Ceci implique trois ans de baccalauréat ainsi que deux ans de maitrise, pour un total de cinq ans d’études universitaires. Ainsi, une personne n’ayant qu’un Bac en poche ne peut s’identifier comme étant psychoéducateur.
Toutefois, il existe certaines exceptions, comme ceux ayant eu leur baccalauréat avant 2012 ou bien ceux ayant fait des études dans un domaine connexe.
C’est en allant voir les conditions d’admissibilités des différentes Universités ainsi que sur le site de l’OPPQ que ces particularités seront définies.
Les universités
Il y a 6 Universités qui offrent le programme de psychoéducation.
Personnellement, j’ai effectué mes études à l’UQO au campus St-Jérôme.
Pour quelle raison particulière? Aucune. J’ai pris la décision de quitter les soins infirmiers pour ce programme 2 jours avant la date limite d’inscription (merci à mon impulsivité de m’avoir fait découvrir le plus beau métier du monde).
Comme je déteste le trafic, l’UQO m’a semblé être une bonne option. Et honnêtement, je ne regrette absolument rien.
Il est à noter que chaque Université a un cursus académique qui lui est propre. Les méthodes d’apprentissages varient. Il est donc important de s’informer auprès des différents programmes d’études afin de déterminer quel est celui qui nous correspond le mieux.
Donc, la psychoéducation, c’est le plus beau métier du monde c’est ça?
Exactement!
À propos de l’auteure
Alexe Deneault
Étudiante de fin de maitrise en psychoéducation et TDAH assumé, j’adore le plein-air, les voyages et la bonne bouffe. J’aime découvrir le monde, apprendre de nouvelles choses et vivre des expériences enrichissantes. J’ai une affection particulière pour mes petits et grands cocos ayant un trouble du spectre de l’autisme.
Très bien rédigé et tout à fait cela ma chère Alexe !
Bel article très intéressant !