fbpx

3 conseils pour bien utiliser l’humour en intervention

Doit-on utiliser l'humour en intervention?

Vous est-il déjà arrivé d’utiliser l’humour en intervention et que la blague tourne au vinaigre ? L’humour est une forme d’intervention à la fois efficace et délicate. Nous vous donnons les 3 meilleurs conseils trouvés dans la littérature pour bien utiliser l’humour en intervention.


Qu’est-ce que l’humour thérapeutique ?

Selon l’Association interdisciplinaire américaine pour l’humour thérapeutique (AATH), l’humour thérapeutique est :

Toute intervention qui promeut la santé et le bien-être en stimulant une découverte ludique, l’expression ou l’appréciation de l’absurdité ou de l’incongruité des situations du quotidien.

Traduction libre repérée ici.

Autrement dit, il s’agit d’utiliser des gestes ou des paroles sous forme humoristique pour faire comprendre à la personne que son comportement n’est pas adéquat.

Pourquoi utiliser l’humour dans ses interventions ?

L’humour est une manière de calmer les émotions, de réduire l’anxiété et d’alléger l’humeur d’une personne.

Un simple sourire peut changer complètement l’attitude d’une personne.

En utilisant l’humour, on peut subtilement faire comprendre à une personne que son comportement est peu adéquat.

De plus, l’humour, bien utilisé, peut créer des moments agréables et positifs avec la personne, en plus d’améliorer l’alliance thérapeutique.

C’est donc une forme d’intervention très intéressante et parfois très efficace. Cependant, c’est aussi une d’intervention qui est délicate.

En effet, il peut être indiqué dans certaines situations et carrément contre-indiqué dans d’autres.

Plusieurs intervenants ont déjà fait l’expérience d’une blague qui a mal tourné…

Voyons quelques conseils pour bien utiliser l’humour.

3 conseils pour utiliser l’humour

Voici trois conseils inspirés de l’étude de Chaloult (2017) pour utiliser l’humour en intervention.

1. Développer d’abord un lien de confiance

Puisque l’humour est parfois une intervention délicate, il est important de bien connaître la personne devant soi avant de l’utiliser.

En développant une bonne alliance thérapeutique, l’humour a plus de chance d’être bien interprétée.

Dans certains cas, vous pourriez choisir d’utiliser l’humour pour développer votre lien avec le client. Si c’est le cas, privilégiez des blagues légères qui n’ont pas de double sens (ex: le sarcasme).

2. Rire de la bonne cible

Pour le client, il est souvent plus facile de rire des autres que de rire de soi-même.

Comprenez-nous bien : il n’est pas question de me moquer des autres, mais plutôt de rire d’une situation qui n’appartient pas au client.

Par exemple, l’intervenant pourrait d’abord faire des blagues sur son propre comportement (par exemple s’il trébuche ou a une maladresse) ou sur son environnement (ex: rire d’un élément imprévu).

Bref : les blagues qui sont plus en lien avec les autres (les objets, les situations) ont plus de chances de réussir que l’humour qui concerne les comportement sde la personne.

Si la personne est réceptive à l’humour sur autrui, cela ouvre la porte à utiliser l’humour centrée sur le client lui-même.

3. Utiliser l’humour dans ces trois circonstances

Il existe (entre autres) trois circonstances où l’humour trouve bien sa place, en général :

a. Pour désamorcer un malaise entre vous et l’autre personne

Lorsque la personne fait une erreur ou adopte un comportement qu’elle sait inadéquat, l’humour peut être utilisée pour désamorcer la tension.

Par exemple, vous pouvez utiliser l’humour pour signifier à la personne que vous savez qu’elle a mal agi, mais qu’elle n’a pas besoin de continuer à se sentir mal.

Ainsi, si un jeune pige dans votre boîte de chocolat sans demander la permission, vous pourriez dire, en le regardant : « ah, une sourie a mangé mon chocolat, la prochaine fois je vais devoir mettre des trappes».

Dans cet exemple, vous réduisez la tension en abordant le sujet avec humour, mais en soulignant qu’il pourrait y avoir des conséquences la prochaine fois.

Ainsi, désamorcer une situation avec humour permet non seulement d’améliorer votre lien avec la personne, mais aussi de lui faire passer un message.

b. Pour alléger des pensées catastrophiques

L’humour peut être utilisé dans certaines situations pour alléger les pensées catastrophiques d’une personne.

Lorsque la personne tend à voir les situations négativement, l’humour peut lui faire voir les choses d’une autre manière, avec une connotation humoristique

Par exemple, l’intervenant peut dire « Ah ! Maintenant tu peux faire tes devoirs » à un adolescent qui se plaint de « jamais rien faire ».

Dans un autre exemple, l’intervenant peut dire « veux-tu qu’on coupe ton bras ? » à un enfant qui pleure pour une blessure très minime (évidemment, on ne blague pas lorsque l’enfant est réellement en détresse)

c. Pour réduire le stress

Le rire est une manière efficace de relaxer et de réduire le stress et l’anxiété. Un simple sourire peut changer une émotion d’angoisse en une émotion de joie.

Lorsque vous sentez qu’une personne est stressée face à une situation, l’humour peut permettre d’apaiser la personne.

5 situations où ne pas utiliser l’humour

Même si l’humour peut être très efficace, il existe certaines situations où il est préférable de ne pas l’utiliser.

La majorité des intervenants ont déjà utilisé l’humour avant de réaliser que le contexte n’était pas idéal.

humour thérapeutique de l'intervenant

Quand la tension est trop élevée

Toute situation qui est dramatique (décès, agression sexuelle, violences, etc.) ne devrait pas être abordée avec humour.

Les situations hautement émotives peuvent rendre les personnes indisponibles à recevoir des blagues.

Il faut au moins attendre que la poussière retombe un peu avant de pouvoir utiliser l’humour.

Si tel est le cas, l’humour pourrait concerner une émotion qui découle indirectement de l’évènement, plutôt que l’évènement lui-même. Par exemple, vous pourriez faire une blague sur votre fatigue plutôt que sur l’agression survenue plus tôt.

Être sarcastique plutôt qu’humoristique

Le sarcasme est une forme d’humour qui est très délicate.

Plusieurs personnes peuvent mal réagir au sarcasme.

En effet, pour certaines personnes, le sarcasme est désagréable.

Pourquoi ? Parce qu’il force la personne à essayer de comprendre une émotion qui n’est pas présente sur votre visage, ce qui peut l’induire en erreur.

Ne pas comprendre une situation, c’est aussi vivre un sentiment d’échec dans la relation. Un tel sentiment est rarement gagnant.

De plus, certaines personnes ne comprendront tout simplement pas le sarcasme.

C’est le cas lors de limites cognitives qui peuvent rendre incompréhensible votre intention pour l’autre. Est-ce une blague ou est-il sérieux ?

Il n’y a aucun moyen de le savoir, sauf en le demandant ou en ayant un très grand lien de confiance envers la personne.

Éviter de recevoir la souffrance du client

Écouter la souffrance des autres peut être très difficile et confrontant pour l’intervenant.

Ainsi, il peut être tentant d’utiliser l’humour pour éviter de recevoir la souffrance du client.

Éviter d’écouter la souffrance des autres en utilisant l’humour est un moyen de réduire notre propre inconfort.

Cependant, l’humour, lorsqu’il est utilisé pour dévier le sujet, peut créer le sentiment que vous n’êtes pas à l’écoute des besoins de la personne.

Ainsi, cela peut nuire à votre relation avec la personne.

Utiliser l’humour pour se donner raison

De manière conscience ou non, l’humour est parfois utilisé par l’intervenant pour répondre à ses propres besoins.

La fameuse blague «ah tiens, j’avais raison»

Aussi, lorsque l’humour est utilisé pour se valoriser personnellement ou s’attirer des rires, plutôt que dans une vision thérapeutique, les effets sur la relation peuvent être négatifs.

Ne pas bien connaître la clientèle

Toutes les formes d’humour ne conviennent pas à toutes les personnes.

Certaines personnes présentent ont des difficultés de compréhension auxquelles l’intervenant doit faire attention.

Attention : cela ne veut pas dire que l’humour ne peut pas être utilisé avec ces personnes. Toutefois, l’intervenant doit s’assurer d’avoir un bon lien et de connaître la personne pour ajuster l’humour :

  • Les clientèles qui présentent des limites cognitives ou de la compréhension (ex: déficience intellectuelle, maladies neurodégénératives, alzheimer, etc.)
  • Les personnes ayant une faible estime d’elles, qui sont sensibles à l’humiliation ou qui présentent un trouble de personnalité. Pour elle, l’humour peut plus facilement être perçu au premier degré, comme une attaque personnelle.
  • Des clientèles jeunes qui ne comprennent pas bien l’humour, et encore moins le sarcasme (qui n’apparaît pas avant 6-7 ans).

Conclusion

L’humour est une forme d’intervention à la fois efficace et délicate. Nous vous avons présenté 3 conseils pour bien l’utiliser et 5 situations où l’éviter. Avez-vous des anecdotes en lien avec l’humour en intervention ? Laissez-nous la réponse dans les commentaires 🙂

Vous êtes un éducateur spécialisé, un psychoéducateur ou un travailleur social ? Trouvez une foule d’outils d’intervention sur notre plateforme

Références:

Renou, M. (2005). Psychoéducation : une conception une méthode. Québec, Montréal : Béliveau.

Chaloult, G. et Blondeau, C. (2017). Perspectives sur l’usage de l’humour en psychothérapie. Santé mentale au Québec, vol. 42, p.425-443