L’intimidation scolaire est un problème courant dans les écoles à travers le monde. Elle peut avoir des conséquences graves pour les élèves victimes. Comment aider une victime d’intimidation ? Comment intervenir face à l’intimidation ? Que faire pour l’intimidateur ? Voici 4 stratégies importantes à privilégier ainsi que des outils concrets à télécharger.
Nous avons déjà abordé dans un article les 5 conseils pour régler une situation d’intimidation au travail. Mais qu’en est-il du milieu scolaire ? Comment aider les enfants victimes d’intimidation ?
Les victimes d’intimidation peuvent souffrir d’anxiété, de dépression, de faible estime de soi et de problèmes de santé mentale.
Pour cette raison, il est important que les écoles et les parents aient des stratégies d’intervention efficaces pour prévenir et arrêter l’intimidation dès qu’elle se produit.
Dans cet article, nous allons examiner les stratégies d’intervention les plus efficaces pour lutter contre l’intimidation. Mais avant, essayons de mieux comprendre la problématique.
L’intimidation, c’est quoi ?
L’intimidation est un comportement agressif et répétitif qui vise à faire du mal à une autre personne. Elle peut se produire dans différents contextes. Cependant, elle est particulièrement fréquente dans les écoles, où elle peut affecter des enfants et des adolescents vulnérables (Olweus, 2013).
L’intimidation peut prendre différentes formes, telles que la violence physique, la menace, l’insulte, la moquerie, l’exclusion, la propagation de rumeurs ou la cyberintimidation.
Voici une description des formes les plus courantes d’intimidation :
- La violence physique : il s’agit de tout comportement agressif qui vise à faire mal physiquement à une personne, comme des coups, des gifles, des poussées, des bousculades, des bagarres ou des agressions.
- La menace : cela peut inclure des menaces verbales, du harcèlements, du chantage, des ultimatums.
- L’insulte : il s’agit de tout comportement qui vise à blesser ou à dévaloriser une personne, comme l’insulte, la moquerie, la taquinerie, le dénigrement, l’humiliation ou l’indignité.
- L’exclusion : cela implique de priver délibérément une personne de la participation à une activité ou à un groupe, de l’ignorer, de l’isoler ou de la marginaliser.
- La propagation de rumeurs : il s’agit de tout comportement qui implique la diffusion intentionnelle de fausses informations sur une personne, souvent pour nuire à sa réputation ou à ses relations sociales.
- La cyberintimidation : cela inclut l’utilisation de technologies de l’information et de la communication, telles que les médias sociaux, les messages électroniques ou les textos, pour harceler, menacer, ridiculiser ou humilier une personne.
Paul R. (2005)
Il est important de noter que ces différentes formes d’intimidation peuvent être combinées et se produire en même temps. Par exemple, une personne peut être victime à la fois de violence physique et d’insultes verbales.
Peu importe les gestes posés, ceux-ci peuvent avoir des effets négatifs sur la santé mentale, émotionnelle et physique des victimes.
Conclusion : peu importe la forme de prend l’intimidation, elles sont toutes aussi inacceptables !
Les conséquences à court et long terme
L’intimidation peut avoir des effets à court et à long terme sur la santé et le bien-être des victimes.
À court terme, les victimes peuvent développer différentes difficultés ou problèmes :
- La peur, l’anxiété, la tristesse et la colère : Les victimes peuvent ressentir une variété d’émotions négatives. Ils peuvent se sentir effrayés, anxieux, tristes et en colère. Parfois, il ont également de la difficulté à reconnaître la situation comme étant de l’intimidation.
- Des troubles physiques : L’intimidation peut également entraîner des troubles physiques tels que des maux de tête, des douleurs abdominales, des troubles du sommeil et de l’appétit. Cela est généralement dû au stress et à l’anxiété que génère les gestes d’intimidation.
- La baisse de la confiance en soi : Les victimes peuvent développer une faible estime de soi. Elles peuvent avoir des difficultés à nouer des relations avec leurs pairs.
- La détérioration des performances scolaires : Les enfants qui vivent de l’intimidation peuvent être distraits en classe. Ou encore, ils peuvent avoir des difficultés à se concentrer sur leur travail scolaire, ce qui affecte leurs résultats.
À plus long terme, les conséquences sont tout aussi dévastatrices, dans certains cas :
- Des troubles de santé mentale : Les victimes d’intimidation peuvent développer des troubles de santé mentale. Par exemple la dépression, l’anxiété et le stress post-traumatique dans certains cas.
- Des problèmes relationnels : La personne peut avoir des difficultés à nouer des relations interpersonnelles saines à l’âge adulte, de même qu’à faire confiance aux autres.
- Des comportements à risque : Les victimes d’intimidation peuvent être plus enclines à adopter des comportements à risque. Nommons, par exemple : la consommation d’alcool et de drogues, le tabagisme et les comportements sexuels à risque. De même, il arrive que les intimidateurs soient eux-même des enfants intimidés par d’autres.
(Hymel, S., 2015).
Il est important de comprendre que l’intimidation peut toucher tout le monde, quel que soit l’âge, le sexe, l’origine ethnique, la religion ou l’orientation sexuelle. Les personnes marginalisées sont plus à risque d’en être victimes.
Il est donc essentiel de prendre des mesures pour prévenir et lutter contre l’intimidation. Au final, on souhaite garantir un environnement scolaire sûr et respectueux pour tous les élèves.
5 stratégies à privilégier dans des cas d’intimidation
1. Faire de la sensibilisation et de la prévention dans les écoles
La sensibilisation et la prévention sont des éléments clés pour prévenir l’intimidation scolaire.
La première étape consiste à sensibiliser les enfants à l’existence et aux conséquences de l’intimidation.
Cela peut se faire de différentes manières, par exemple : des campagnes de sensibilisation, des ateliers éducatifs, des affiches, des vidéos, des témoignages de victimes, etc. . Faites alliance avec les différents professionnels de votre école pour monter vos ateliers !
La deuxième étape consiste enseigner aux enfants la résolution des conflits.
Cela peut inclure des enseignements sur les compétences sociales, la communication efficace, la résolution de conflits, la gestion des émotions et la médiation. Les enseignants, les parents, les employeurs, les travailleurs sociaux et les jeunes eux-mêmes peuvent bénéficier de ces formations pour mieux comprendre comment prévenir et résoudre les cas d’intimidation.
La troisième étape consiste à élaborer des règles claires pour prévenir et lutter contre l’intimidation.
Ces règles doivent être clairement communiquées à toutes les personnes concernées, et doivent être mises en œuvre de manière cohérente. Les sanctions pour les actes d’intimidation doivent également être clairement définies et appliquées de manière équitable et cohérente.
La quatrième étape consiste à encourager la communication ouverte et à fournir des ressources pour les enfants qui cherchent de l’aide.
Par exemple, avoir une personne ressource (ex: éducateur spécialisé, psychoéducateurs) clairement désignée vers qui les enfants peuvent se tourner en cas de problème est une stratégie gagnante.
Bref, en utilisant une stratégie globale, les communautés, les écoles et les lieux de travail peuvent prévenir efficacement l’intimidation et aider les personnes qui en sont victimes.
2. Encourager la dénonciation
Lorsqu’un élève est témoin d’intimidation, il est important qu’il se sente à l’aise pour en parler.
Lorsqu’il y a un climat de peur ou de silence, les victimes et les témoins sont moins susceptibles de signaler le problème. Cela peut permettre à la situation de continuer et de s’aggraver.
En encourageant ouvertement la dénonciation, on peut briser ce cycle et permettre aux personnes concernées de recevoir l’aide dont elles ont besoin.
Voici quelques raisons pour lesquelles encourager la dénonciation est important :
- Protéger les victimes : Les victimes ont besoin d’aide pour faire face à leur situation. Si les cas d’intimidation ne sont pas signalés, les victimes continueront à être harcelées et à souffrir en silence. En encourageant la dénonciation, les victimes peuvent être protégées et recevoir le soutien dont elles ont besoin.
- Prévenir les cas futurs : En signalant les cas d’intimidation, on peut empêcher que celle-ci ne se reproduise dans le futur. Les intimidateurs sont plus susceptibles de cesser leur comportement lorsque leurs actions sont signalées et qu’ils sont confrontés à des conséquences. De plus, la dénonciation peut aider à prévenir d’autres cas en faisant comprendre aux auteurs potentiels que leur comportement ne sera pas toléré.
- Encourager les témoins à agir : Les témoins sont souvent les premiers à remarquer les cas d’intimidation. Ils peuvent avoir peur de signaler ce qu’ils ont vu ou entendu. En encourageant la dénonciation, on peut encourager les témoins à agir et à signaler les cas d’intimidation. Cela peut aider à prévenir que la situation ne se poursuive ou ne s’aggrave.
Les écoles doivent encourager les élèves à signaler toute situation d’intimidation. Elles doivent aussi leur fournir un moyen facile et confidentiel de le faire. Cela peut inclure des boîtes à idées ou des formulaires en ligne qui permettent aux élèves de signaler l’intimidation sans crainte de représailles.
3. Donner des conséquences claires
Il est important que les élèves sachent que l’intimidation ne sera pas tolérée et qu’il y aura des conséquences claires pour ceux qui en sont responsables.
Les écoles doivent avoir des politiques claires sur l’intimidation et les conséquences pour les élèves qui en sont responsables. Les sanctions peuvent inclure des gestes réparateurs, des retenues, des suspensions ou même l’expulsion de l’école.
Mais pourquoi faut-il mettre des conséquences claires pour l’intimidation ?
- Pour envoyer un message clair : Lorsque des conséquences claires sont associées à l’intimidation, cela envoie un message que ce comportement ne sera pas toléré. Les auteurs de ces gestes doivent savoir qu’ils seront tenus responsables de leur comportement.
- Pour protéger les victimes : Les conséquences claires dissuadent les auteurs d’intimidation de continuer leur comportement. Les victimes peuvent se sentir plus en sécurité en sachant que les auteurs d’intimidation seront tenus responsables de leurs actions.
- Faire comprendre que l’intimidation, c’est grave : Les conséquences de l’intimidation sur la victimes peuvent être très importantes. Dans certains cas, les répercussions sont à vie. Les conséquences démontrent la gravité de ces gestes et l’impact qu’ils peut avoir sur les victimes.
4. Collaborer avec les parents
Les parents et les professionnels jouent un rôle important dans la prévention et la lutte contre l’intimidation scolaire.
Les écoles doivent travailler en collaboration avec les parents pour les informer des politiques et des procédures en matière d’intimidation. De même, les parents doivent être outillés à reconnaître les signes d’intimidation chez leurs enfants.
Les écoles peuvent également collaborer avec des organisations communautaires pour organiser des programmes de prévention et pour offrir des ressources de soutien aux élèves victimes.
Un exemple concret d’activité à faire avec l’intimidateur.
L’intimidation : comme un tatouage
Voici un exemple d’outil gratuit à télécharger, inspiré des techniques d’impact.
Cet outil permet de refléter aux enfants que l’intimidation laisse parfois des marques profondes et indélébiles chez la victime.
D’abord:
- On demande à l’enfant d’inscrire, comme un tattoo, les mots ou les gestes qu’il a posé envers un autre enfant.
- Ensuite, nous identifions ensemble des gestes réparateurs qui permettraient d’effacer les marques et lorsque cela est fait auprès de la victime, nous effaçons symboliquement le geste d’intimidation de la feuille.
Cet outil fonctionne extrêmement bien, les enfants comprennent généralement le symbole du tattoo.
Évidemment, le sujet de l’intimidation étant délicat, l’intervenant(e) doit utiliser son jugement professionnel dans l’animation de l’activité, celle-ci peut ne pas convenir à tous.
Comment aider un enfant victime d’intimidation ?
Lorsqu’un enfant est victime d’intimidation, il est important de mettre en place des interventions ciblées pour le soutenir. Par exemple :
- Écouter l’enfant : La première étape pour aider un enfant victime d’intimidation est de l’écouter sans jugements. Il est important de donner à l’enfant la possibilité de parler de ses sentiments en toute sécurité. En écoutant attentivement l’enfant, on peut mieux comprendre ce qui se passe et comment l’aider. L’outil inspiré de la métaphore des roches dans le sac à dos peut être intéressant pour aider l’enfant à verbaliser ses pensées.
- Rassurer l’enfant : Il est important de rassurer l’enfant en lui faisant comprendre que ce n’est pas de sa faute s’il est victime d’intimidation. L’enfant doit savoir que des adultes sont là pour l’aider.
- Donner des conseils pratiques : Il est important de donner à l’enfant des conseils pratiques sur la façon de faire face à l’intimidation. Par exemple, on peut lui apprendre à éviter les endroits où l’intimidation se produit, à ignorer les intimidateurs et à demander de l’aide à un adulte de confiance. L’intervenant peut aussi utiliser cet outil de communication au Je.
- Élaborer un plan d’action : Il est important d’élaborer un plan d’action avec l’enfant pour l’aider à faire face à l’intimidation. Ce plan peut inclure des stratégies pour faire face aux intimidateurs, des mesures pour rester en sécurité à l’école et à la maison, et des moyens de demander de l’aide à un adulte de confiance. Il est aussi possible d’utiliser des outils pour enseigner l’expression des émotions, comme cet exemple d’outil gratuit à télécharger.
- Impliquer les parents et les enseignants : Les parents et les enseignants doivent être impliqués pour aider l’enfant. Les parents peuvent fournir un soutien émotionnel à l’enfant à la maison, tandis que les enseignants peuvent surveiller l’intimidation à l’école et mettre en place des mesures disciplinaires contre les intimidateurs. Cet outil explique bien le rôle du parent auprès de l’enfant dans la réponse à ses besoins fondamentaux.
- Offrir un soutien psychologique : Si l’enfant a des difficultés à faire face à l’intimidation, il peut être utile de lui offrir un soutien psychologique pour l’aider à gérer ses émotions. Les thérapies individuelles ou de groupe peuvent aider à renforcer la confiance de l’enfant et à lui fournir des outils pour faire face à l’intimidation.
En fin de compte, les interventions ciblées peuvent aider à soutenir un enfant victime d’intimidation en lui donnant les outils pour faire face à la situation et en le rassurant qu’il n’est pas seul.
En travaillant avec les parents, les enseignants et les professionnels de la santé mentale, on peut aider l’enfant à se sentir en sécurité et à retrouver sa confiance en soi.
En conclusion : il ne faut pas attendre avant d’agir !
Nous avons exploré le sujet de l’intimidation et les différentes stratégies pour y faire face.
Nous avons aussi abordé les formes d’intimidation, les conséquences à court et à long terme, les interventions de sensibilisation et de prévention, l’encouragement de la dénonciation, la nécessité de donner des conséquences claires et les interventions ciblées pour aider un enfant victime d’intimidation.
Notre conseil est le suivant : n’attendez JAMAIS avant d’agir ! L’intimidation n’est jamais acceptable. Point.
Références
Olweus, D. (2013). School bullying: Development and some important challenges. Annual review of clinical psychology, 9, 751-780.
Hymel, S., & Swearer, S. M. (2015). Four decades of research on school bullying: An introduction. American Psychologist, 70(4), 293.
Paul R. Smokowski, Kelly Holland Kopasz, Bullying in School: An Overview of Types, Effects, Family Characteristics, and Intervention Strategies, Children & Schools, Volume 27, Issue 2, April 2005, Pages 101–110, https://doi.org/10.1093/cs/27.2.101